La Classique vient de terminer sa seizième édition à Lachute et elle a atteint tous ses objectifs. Car cet événement possède de multiples facettes. C’est un rassemblement de motos avec des randonnées multiniveaux, des essais de motos, des exposants, un banquet avec un band, des conférences, des formations motos, un espace de camping, et j’en oublie certainement.
Le secret de l’organisation, c’est une association de bénévoles tissée serrée, Ridaventure, avec un leader historique, Marc Chartrand, qui a su s’entourer d’une équipe de volontaires efficaces et motivés, comme Daniel Arsenault qui travaille sur la communication des différentes actions.
Celui-ci tenait à souligner le travail de l’équipe rapprochée : « Merci infiniment pour tout, et pour avoir créé et gardé cette super ambiance durant nos longues heures de travail au cours des mois précédant l’événement. Mélanie Fillion, Yannick Carbonneau, JP Tremblay, Marc Bélanger, Pierre Croteau, Clément Champagne, Hugues Soucy, Joel Trudel, en espérant n’avoir oublié personne… »
Les randonnées sont aussi essentielles au succès
Mais le succès est basé aussi sur chaque chef d’équipe de randonnée. Ce membre de Ridaventure emmenait bénévolement un groupe de neuf personnes sur un itinéraire d’un niveau adapté aux capacités des randonneurs.
Les parcours proposaient plusieurs niveaux de difficulté :
- La Panoramique : niveau de 0 à 1, avec 80 % d’asphalte et 20 % de gravelle.
- La Classique : niveau hors route de 0 à 1, avec 40 % d’asphalte et 60 % de gravelle.
- La Classique + : niveau hors route de 0 à 2, avec 40 % d’asphalte et 60 % de gravelle. Les pneus à crampons étaient requis pour passer certains passages techniques.
- L’Intrépide : niveau Expert de 0 à 3, avec des difficultés nécessitant des crampons agressifs.
Ce samedi 18 mai, quatre cents personnes, réparties dans quarante équipes, s’élançaient à l’assaut des différents parcours. Le dimanche, quarante autres équipes prenaient le relais et allaient goûter aux charmes des Laurentides. Chaque groupe avait son nom de guerre, comme Les Chevaliers du Pneu Perdu, Les Chevaliers de la Gravelle, ou la French Connexion (des Ontariens !).
Pour les novices, il était possible de participer à une randonnée autoguidée avec un choix d’itinéraire de 200 kilomètres, sur asphalte ou chemin de gravier.
La participation aux parcours évolue peu, car elle est limitée environ aux quatre cents participants quotidiens.
Cependant, la fréquentation augmente. Le site est beaucoup plus visité par des motocyclistes de différents horizons (de la Harley-Davidson FLH en passant par la Gold Wing ou même le Spyder). Le phénomène Aventure intrigue et interpelle.
Il séduit également par l’attrait de la promesse : le voyage au bout de la terre, avec une machine haute capable de passer tous les obstacles. La silhouette étroite de la moto est souvent entourée de deux valises carrées, synonymes de bagages au long cours.
« L’uniforme » de l’aventurier fait également fantasmer : une veste longue avec des poches, de couleur gris-bleuté, taillée dans du Gore-Tex étanche et respirant, assortie d’un pantalon étanche de la même matière, porté au-dessus de bottes issues du motocross.
Les équipements de protection et la sécurité en moto aventurière
Un rêve pour la SAAQ qui est heureuse de voir une catégorie de motocyclistes habillés et équipés. L’organisme gouvernemental avait apporté son kiosque pour pouvoir dialoguer avec les participants et visiteurs. Un camion était stationné pour montrer le danger des angles morts. Des mannequins porteurs de vêtements protecteurs et d’airbags étaient exposés. On discutait SAAQCLIQ, remisage et formation Moto Pro donnée par Sylvain Bergeron et son équipe de la FMQ.
Simon Pelletier, conseiller en sécurité routière SAAQ, en profitait pour donner une information spécifique aux motos d’aventure : « Si votre moto est plaquée route et que vous vous en servez pour une utilisation mixte route et sentier, vous êtes assurés en cas d’accident dans des sentiers fédérés ou autorisés par la loi VHR. » Pour appuyer son propos, il rajoutait : « Certains motocyclistes qui se blessent en sentier demandent à leurs partenaires de randonnée de les transporter jusqu’à une route, pour bénéficier de la couverture SAAQ. Ne faites pas ça ! Vous risquez d’aggraver vos blessures. Vous avez payé une plaque pour la route et vous êtes un utilisateur de sentier occasionnel, vous serez indemnisé comme si vous aviez eu un accident routier. »
La présence remarquée des fabricants de motos
Plusieurs marques de motos étaient sur place, comme BMW, Honda, Groupe KTM ou Harley-Davidson. BMW exposait la famille GS avec plusieurs nouveautés, 1300 GS, F800 et F900 GS.
Honda en profitait pour dévoiler en avant-première la nouveauté NX500 et la renaissante Transalp, sans oublier le fer de lance de la gamme aventurière, l’Africa Twin.
KTM est également venue en force avec sa gamme Adventure de la 390 à la 1290 Super Adventure R. Les autres marques du groupe étaient présentes avec Husqvarna et ses Norden ou 701 Enduro. Gas Gas faisait essayer sa double-usage ES700, tandis que Marc Chartrand profitait d’une petite moto électrique Gas Gas pour se déplacer rapidement sur tout l’espace de la manifestation.
De son côté Harley-Davidson poussait en avant sa Pan America, une moto qui a été adoptée par la communauté Aventure. Elle offre un moteur convainquant et de nombreuses aides à la conduite, dont un abaissement de la hauteur de selle à l’arrêt, bien utile pour les petits gabarits. Ce n’est pas Annie Martel qui nous dira le contraire. Harley-Davidson avait même sorti le modèle Pan America CVO 2024, une version toute équipée avec peinture de luxe.
Les équipementiers, écoles de conduite et autres intervenants étaient aussi présents
Les équipementiers étaient de la partie avec Kimpex, Motovan et Importation Thibault, tandis que la marque Klim était représentée par Touratech.
Les magasins Triple Clamp et 819 Motosports avaient fait le déplacement. Des concessionnaires motos étaient présents avec les fabricants comme Leo Harley-Davidson ou Goulet Moto Saint-Jérôme avec Patrick « Pat Gou » Goulet et Maxime Goulet.
La dynamique équipe du voyagiste Fly and Ride vantait ses voyages de l’autre côté de la frontière avec Pascal Royer et MC Boisvert entre autres.
La Classique fait école dans tout le Canada!
Une grande tente accueillait des aventurier(ère)s venus conter leurs expériences et partager avec les spectateurs. Pendant la soirée, des rencontres « Conte autour du feu » étaient organisées avec le même objectif. Cette action était réalisée en partenariat avec le site internet de voyage Horizons Unlimited (HU). Ce site de Colombie-Britannique est une bible pour les voyageurs à moto et il couvre de nombreux pays. Il a été créé par Grant et Susan Johnson qui ont eux-mêmes voyagé à travers le monde. Pendant 11 ans ils ont parcouru plus de 100 000 km et traversé 39 pays.
Ce partenariat n’est pas anodin. La Classique est en train de décoller et de devenir un exemple pour les autres provinces du Canada. La force de ce rassemblement est son côté bénévole qui permet d’apporter différents services qu’une entreprise ne pourrait pas se payer. La présence de 80 accompagnateurs aux randonnées en est un exemple. Elle est menée par des personnes compétentes qui la gère de manière professionnelle.
Moto Canada, la nouvelle organisation qui regroupe les importateurs de motos, ne s’y est pas trompée. Elle soutient l’événement, qui s’appelle maintenant La Classique Moto Fest.
Marc Chartrand et son équipe de Ridaventure ne font pas uniquement cela de manière volontaire. Ils ont également créé un espace XPLORER qui fait la promotion des activités de motos d’aventure dans tous les salons de Moto Canada. Ajoutons la Trans Québec Trail (TQT), qui regroupe des sentiers de gravelle idéaux pour des motos double-usage, et le paysage sera complet.
Comme dans les livres d’Astérix, la soirée accueillait un mégabanquet. C’était l’occasion pour Geneviève Dubois, fière motocycliste d’aventure, de présenter son groupe de musique, les Cherry Bomb, qui ont métallisé le restaurant Top Shot où se déroulait le repas.
En 2025, venez visiter la Classique Moto Fest, c’est l’endroit incontournable pour essayer une moto d’aventure sur de la gravelle ou pour entrer dans cette communauté qui demande de la rigueur et de l’humilité. Rigueur car on ne part pas à l’aventure sans préparation, et humilité car même les meilleurs motocyclistes d’asphalte doivent repasser par la case formation pour maitriser les pièges des chemins et sentiers hors route.
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Par François Cominardi (Texte et photos). Photo Cherry Bomb par Mabel Photography