Dans la gamme de motos aventure, nous avons ici deux Japonaises vouées au même terrain de jeu. Fidèles à leurs soucis de qualité, il n’a pas été facile de les départager. Du côté style et finition c’est l’Africa Twin qui a le point. Son cadran plus moderne et tactile et ses phares aux DEL gagnent du côté look. Pour la finition, les Japonais savent bien faire les choses, rien n’est laissé au hasard des deux côtés.
Pour l’équipement de série avec l’électronique embarquée, le point va à Honda avec l’IMU (unité de mesure d’inertie) qui calcule et interagit avec la puissance du moteur, le frein moteur, l’ABS, le contrôle de traction et la suspension. Les valises sont incluses dans l’équipement standard chez Yamaha. Alors que chez Honda c’est une option. Un point pour la Ténéré. Je comprends que certains ne voudront pas de valises, mais lorsqu’on parle de catégorie aventure, je pense que ça va de soi d’avoir du rangement. C’est le début d’une belle aventure. Le régulateur de vitesse et les poignées chauffantes font partie de l’équipement de série dans chacun des cas, deux points de chaque côté.
Sur le plan de l’ergonomie, la position de conduite la plus agréable, c’est Yamaha qui l’emporte. Avec les pédales un peu plus basses, la position est plus naturelle. La protection contre les intempéries est assez semblable sur ces deux motos. La hauteur et la largeur du pare-brise sont assez similaires. Il y a des protège-mains sur chaque moto. L’air est détourné de la même manière créant une bulle agréable autant sur l’Africa Twin que sur la Ténéré 1200. Un point chaque. Pour le confort, le choix a été facile, un autre point pour Yamaha. La selle de série est très bien, contrairement à celle de Honda trop étroite et avec une mousse qui vient à bout de notre endurance assez rapidement. La Ténéré a un roulement plus doux, moins de vibrations, qui donne une sensation de confort digne d’une moto de luxe. En solo ou avec un passager, la Ténéré remporte le point aussi sur cet aspect. Plus d’espace pour le passager et une selle plus moelleuse, toujours pour un meilleur confort. Les commandes sur les poignées sont beaucoup plus intuitives sur la Yamaha. C’est plus facile de démarrer les poignées chauffantes, d’ajuster la suspension, d’afficher les données de trajet avec la Ténéré. On a tout ça et peut-être même plus sur l’Africa Twin, mais ce n’est pas facile. J’ai lu et relu le manuel du propriétaire de l’Africa Twin et il y a toujours un détail que j’oublie. Lors d’une soirée un peu plus froide, je n’ai jamais réussi à mettre les poignées chauffantes… Ça devrait être simple pourtant. Un point pour Yamaha.
Pour le moteur, j’ai préféré la Yamaha. Un autre point pour cette dernière. Un peu plus doux, on sent moins les coups de pistons à bas régime. Au sujet de la fiabilité, je dirais qu’elles sont similaires. Pour la transmission, l’Africa Twin avec le DCT (dual clutch transmission) gagne facilement cette manche. Moi qui au départ suis de la génération des leviers de vitesses et pédale d’embrayage, je me suis surpris à adorer ça. La Honda m’a séduit avec la facilité de conduire la moto équipée de la transmission DCT. Ma concentration est beaucoup plus sur la route de cette façon. Le point suivant va à Honda pour le freinage et la suspension. Cette dernière est semi-active, contrôlée électroniquement grâce à l’IMU qui influence et joue un rôle important sur ces deux composantes, offrant une meilleure stabilité lorsque c’est nécessaire.
Évaluons maintenant le comportement de la moto. En ville, l’Africa Twin gagne encore le point, surtout grâce à la transmission DCT. Pas besoin de tenir le levier d’embrayage aux feux rouges. Accélération facile dès le départ jusqu’à la vitesse souhaitée. La décélération automatique et frein moteur juste en fermant la poignée des gaz, toujours avec la DCT. Sur la route, la Ténéré est gagnante. Plus de stabilité, plus de douceur de roulement. Un point pour Yamaha. Sur les routes de gravier, c’est l’Africa Twin qui a le point. Avec ses modes déjà préprogrammés, le mode « gravier » assure un meilleur contrôle de la moto. Même constat pour le hors-route, l’Africa Twin dépasse largement les capacités de la Ténéré 1200. Un autre point pour Honda.
L’entraînement de l’Africa Twin est à chaîne, tandis que celui de la Ténéré est un arbre d’entraînement (driveshaft). Je donne le point à Yamaha pour le très peu d’entretien et la durabilité de l’arbre d’entraînement. La chaîne demande plus d’ajustement et d’entretien. Elle devra être remplacée tous les 25 000 km environ ainsi que les pignons.
Le prix de détail suggéré au Québec pour l’Africa Twin est de 23 059 $ sans les valises, alors que celui de la Ténéré 1200 est à 22 907 $, valises incluses. Donc le point final pour Yamaha. La gagnante avec 12 points contre 10 : Yamaha Ténéré 1200.
En conclusion, ce sont deux machines à considérer. Chacune d’elle est à la fois très semblable et a un petit quelque chose de différent. Avec l’une ou l’autre vous ne serez pas perdant. La Ténéré 1200 a un côté un peu plus route, alors que l’Africa Twin gagne sur les chemins de gravier et hors route. Je tiens à préciser que la grille d’évaluation est basée sur des critères que je pense importants de comparer. Une grille différente donnerait sûrement un résultat différent. La Ténéré 1200 ne sera probablement pas renouvelée très longtemps ici en Amérique, puisqu’en Europe elle n’est plus au catalogue. Le moteur ne rencontre pas la norme Euro 5. La Ténéré 1200 n’a pas beaucoup changé depuis 2014. L’Africa Twin quant à elle comporte toutes les dernières technologies qu’un pilote de moto aventure désire avoir. Les contrôles sont personnalisables, l’écran tactile affiche toutes les informations nécessaires, aides à la conduite, instrumentation complète. Elle a tout ce qu’on attend d’une moto aventure. Il a été difficile de départager les deux motos. La consommation d’essence est assez similaire dans ce duel.
Merci à Honda Canada pour l’essai de l’Africa Twin DCT 2022.
