Profile de bâtisseurs – Siegfred Bettmann et John Bloor

Profile de bâtisseurs - Siegfred Bettmann et John Bloor

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La marque de moto anglaise Triumph a vécu plusieurs époques plus ou moins faciles. Mais il faut reconnaitre qu’elle a été créée par Siegfred Bettmann en 1886 et remise sur les rails par John Bloor en 1983. C’est le bâtisseur moderne de la marque anglaise, même si les modèles des années 60 ont laissé des souvenirs émus, malgré quelques imperfections et autres fuites d’huile que leur ont pardonné leurs propriétaires, subjugués par leur tempérament de feu.

Première surprise pour les non-initiés, le créateur de la marque Triumph en Angleterre était un émigré allemand du nom de Siegfred Bettmann (1863 – 1951). Il a fondé sa société en 1884, à 21 ans. Il a travaillé à la revente de machines à coudre et s’est intéressé aux vélos. Puis il a renommé la société du nom de Triumph Cycle Company en 1886, à Coventry. Son objet principal était l’achat revente de vélos. L’année suivante, il recevait une aide financière des pneus Dunlop et changeait encore le nom de l’entreprise en New Triumph Co. Ltd.

Dès son arrivée en Angleterre, Bettmann avait rencontré un autre jeune émigré allemand, Mauritz Johann Schulte, qui est devenu son associé en 1887. Il travaillait chez un fabricant de vélos, William Andrews. Schulte avait donné ses propres directives de fabrication. Il finissait les vélos dans son atelier et les revendait sous le nom de Triumph. Puis la société des deux jeunes hommes d’affaires produisait son propre vélo Triumph. Ils voulaient alors motoriser ses deux roues et ils créaient leurs premières motos avec des moteurs belges Minerva en 1902. C’est la date officielle de l’arrivée des premières motos Triumph! En 1903, ils vendaient 500 motos! Ils voyaient l’intérêt de développer leur première moto, la Model H, propulsée par un moteur Triumph qui était dévoilé en 1905. Celui-ci était un monocylindre de 363 cm3 avec une distribution à soupapes latérales. 

Le premier succès en compétition a été la première place à la Dashwood Hill Climb d’un prototype Triumph de 453 cm3 en 1906.

Malgré une puissance de 3 CV, une moto de Coventry terminait deuxième de l’édition 1907 du Tourist Trophy sur l’ile de Man et gagnait l’épreuve l’année suivante. L’image sportive était créée! Triumph implantait une filiale en Allemagne, sous le nom de TWN. 

Siegfried Bettmann était maire de Coventry en 1913 et 1914. Bien que naturalisé anglais, sa naissance allemande l’obligeait alors à se retirer du poste à l’arrivée de la Première Guerre mondiale

Le gouvernement britannique réquisitionnait les Triumph en circulation et commandait 30 000 motos aux deux émigrés allemands qui menaient à bien cette tâche.

Siegfred Bettmann

Triumph ressortait de la guerre avec une réputation de fiabilité, et les dirigeants se proclamaient le plus grand fabricant de motos au monde.

La Model H était maintenant équipée d’un moteur 4 temps de 550 cm3 et un deuxième modèle venait renforcer la gamme avec la « Junior » mue par un moteur monocylindre 2 temps de 225 cm3.

Alors que les affaires roulaient fort, Schulte quittait la société en 1919. Il ne s’était pas entendu avec son associé. Il proposait d’arrêter la fabrication de vélos pour produire des voitures, mais Bettmann n’était pas d’accord.

Ces deux associés ont été les bâtisseurs des fondations de Triumph et lui ont donné ses lettres de noblesse.

Il est dommage qu’ils se soient brouillés pour cela, car Bettmann changeait d’avis plus tard et rachetait l’ancienne usine de voitures Hillman à Coventry et la Dawson Car Company en 1921, puis lançait la première voiture en 1923, une Triumph 10/20, tout en conservant la fabrication des motos.

Le colonel Claude V. Holbrook prenait la place de Schulte en tant que directeur général et apportait sa contribution pour la fabrication de voitures, en abandonnant la production de vélos.

En 1927, il développait la voiture Triumph Super 7, qui est restée au catalogue jusqu’en 1934. 

Le krach boursier de Wall Street en 1929 affaiblissait l’entreprise. La filiale allemande TWN était vendue. Triumph proposait un modèle moto 350 cc TT.

En 1930, l’entreprise changeait de nom pour s’appeler la Triumph Motor Company. Les problèmes financiers continuaient et en 1936, Bettmann revendait séparément les branches auto et moto. L’activité moto était rachetée par Jack Sangster, le patron d’Ariel Motorcycles. Les deux marques continuaient leur développement commercial. L’histoire dit que Bettmann est resté associé à la marque Triumph jusqu’à sa mort en 1951. Pourtant, cela ne devait pas être facile de céder son entreprise à son concurrent direct. Et l’histoire allait montrer que la cession à des concurrents n’était pas terminée.

En 1933, Triumph sortait son premier moteur bicylindre vertical-speed 650, conçu pour le marché des side-cars. C’était un échec commercial. Tous les autres fabricants proposaient des modèles V-Twins et le marché du side-car n’est pas le plus développé.

Mais la société persévérait et dévoilait en 1937 une nouvelle moto Speed Twin 500. Le moteur était puissant avec 27 CV et il pouvait atteindre 90 mph (145 km/h). Une étoile était née dont le nom commercial existe encore aujourd’hui. En 1938, la T100 pouvait atteindre 100 mp/h et devenait populaire également aux États-Unis.

La Seconde Guerre mondiale en 1940 voyait encore de grands changements. Mais Triumph gardait le droit de fabriquer des motos civiles, tout en fournissant l’armée britannique. L’usine de Coventry était détruite par les bombardements ennemis en 1941, mais la fabrication était vite relocalisée ailleurs. Les États-Unis étaient acheteurs de Triumph et la Speed Twin passait en 650 cm3 à leur demande. 

Près de 40 000 Triumph étaient produites pour un usage militaire pendant la guerre, puis elles étaient repeintes et revendues aux civils après l’Armistice. La marque était très populaire.

Après 1945, la production se focalisait sur les Speed Twins, la 350 cc 3T et la Tiger 100. En 1948, le fabricant dévoilait sa première moto hors route, la 500 cc Trophy TR5.

En 1950, une filiale était créée aux États-Unis pour construire un réseau de distribution national. L’Amérique devenait le premier client de Triumph.

En 1951, le créateur Siegfred Bettmann décédait et le propriétaire Jack Sangster vendait la société à un de ses principaux concurrents, BSA, en échange d’une place au conseil d’administration. Par la suite, il prenait la présidence du groupe BSA en 1956.

Marlon Brando avec la Thunderbird

En 1952, Harley-Davidson portait plainte auprès de la commission tarifaire américaine contre Triumph, accusée de vendre en dumping à des prix trop bas. La plainte était rejetée et donnait une publicité supplémentaire de prix abordables à la marque britannique.

En 1953, Marlon Brando était la vedette d’un film culte sur la moto, L’équipée Sauvage (The Wild One). Il devenait le premier influenceur pour les blousons Perfecto, la casquette en cuir et le jean Levis. Il chevauchait une Triumph Thunderbird.

Un autre acteur, Steve McQueen, apportait de la reconnaissance à la marque en conduisant une TR6 dans le film La grande évasion. La moto marquait les esprits en sautant une barrière dans une scène mythique du film en 1961.

Bonneville 1956

Entretemps, en 1956, une Triumph entièrement carénée s’élançait sur la mythique piste de lac salé de Bonneville pour établir un record de vitesse à 318,682 km/h. Par la suite, une moto anglaise portera jusqu’à aujourd’hui le nom de Bonneville.

En 1967, Gary Nixon gagnait le Daytona 200 sur une Tiger 100. Cette année établissait un record de ventes avec 24,700 machines vendues sur le continent américain.

Bandit 350 cc

Au cours des années 1970, Triumph luttait pour devenir l’un des principaux fabricants de motos. Mais il devait faire face à l’agressivité des marques japonaises avec des moteurs quatre cylindres et d’Harley-Davidson qui créait un art de vivre autour de sa V-Twin. La Triumph 350 cc Bandit avait une cylindrée trop faible contre les 750 et 1000 cm3 des concurrents. Alors Triumph concevait rapidement une 750 cc Trident trois cylindres et modernisait la Bonneville, mais cela ne suffisait pas à relancer les ventes.

Trident T150

Après un changement de nom et la création d’une coopérative par les ouvriers, la dernière Trident était produite en 1976 et Triumph fermait ses portes.

En 1983, John Bloor achetait le nom et les droits de fabrication de la société en faillite. 


Qui était John Bloor ?

Né en 1943 au Royaume-Uni, il était le fils d’un modeste ouvrier travaillant dans une mine de charbon.

Il avait lui-même souffert de problèmes de santé qui l’avaient éloigné des bancs d’école, qu’il quittait à l’âge de 15 ans. Il commençait au bas de l’échelle comme plâtrier, mais à 17 ans, il créait sa propre société de construction et vendait sa première maison avant l’âge de 20 ans. Cet homme d’affaires qui s’est créé tout seul est maintenant l’un des plus grands constructeurs immobiliers de Grande-Bretagne.

Le sauvetage de Triumph est une histoire de passion. Il a investi 130 millions de dollars pour relancer la marque. Bloor a pris le temps qu’il fallait. Il a embauché des designers et étudié le mode de fabrication des Japonais dont il s’est inspiré. Il a modernisé l’outil de travail et en 1987, il finissait la création d’un nouveau moteur et possédait plusieurs prototypes de véhicules. En 1988, il construisait une nouvelle usine à Hinckley; l’histoire était en marche à nouveau. Il fallait attendre l’année 2000 pour tirer les premiers bénéfices et produire 45 000 motos par an.

Le sort frappait en 2002, une des deux usines du groupe était la proie des flammes. La production était arrêtée pendant six mois. Bloor déplaçait une bonne partie de la production en Thaïlande.

En juin 2009, l’ancien ministre d’État au commerce, Digby Jones, baron Jones de Birmingham, devenait président de Triumph. Le gouvernement britannique reconnaissait que la moto faisait partie du futur pour trouver des solutions aux déplacements urbains. En 2011, Nick Bloor, l’un des deux fils de John, reprenait la place de président de Triumph.

John Bloor vit à Swadlincote, dans le sud du Derbyshire, en Angleterre. Il a des problèmes de hanche et roule rarement à moto. Mais il peut se vanter d’avoir sauvé un des fleurons de la moto britannique.


Chris Ellis, l’image Triumph au Canada

Ceux qui ont travaillé avec la marque Triumph au Canada ont certainement connu le directeur général Chris Ellis. Il a été en poste 25 ans et a développé la marque avec la passion qui le caractérisait.

Il avait commencé sa carrière de pilote en dirt track au début des années 80 avec une Harley-Davidson XR 750. Il avait même obtenu le trophée Billy Mathews Memorial pour l’esprit sportif. 

Avant Triumph, Chris possédait un magasin de motos à Waterloo, puis il avait déménagé à Conestogo.

Chris est décédé le 29 mars 2021 de maladie. Il venait de prendre sa retraite. Il sera honoré en novembre 2022 par le Panthéon Canadien de la Moto dont il était un fervent défenseur. 

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