La grande traversée

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Le Québec regorge de routes et d’endroits magnifiques à visiter pour les motocyclistes. Cela est d’autant plus vrai pour les amateurs de motos double usage. Quel plaisir de pouvoir quitter les routes asphaltées afin d’emprunter des rangs de campagne en gravier ou des sentiers boisés qui vous mènent là où les autres types de motos ne peuvent vous conduire. 

Une des principales caractéristiques des propriétaires de motos double usage est sans contredit leur côté aventurier. Pour s’en convaincre, il s’agit de consulter les sites Internet ou forums de discussion dédiés à la moto aventure ou tout simplement de participer à l’une des rencontres hebdomadaires des fervents de motos double usage se tenant un peu partout au Québec. L’engouement et la passion pour ce type de loisir ne cessent de croître avec les années.

C’est d’ailleurs à l’occasion de l’une de ces rencontres hivernales (eh oui, les mordus se rencontrent toute l’année durant!) qu’un des participants de la région de Québec lança l’idée d’organiser une aventure à l’île d’Anticosti. Anticosti, la plus grande île du Québec située au cœur du golfe du Saint-Laurent, île mythique et sauvage aux paysages fabuleux… Il n’en fallait pas plus en cette froide soirée d’hiver pour en faire saliver plus d’un à l’idée d’aller explorer en moto ce coin de paradis.

La grande traversée

La planification et l’organisation

L’idée ayant fait l’unanimité, la première tâche fut d’amorcer les démarches concernant les possibilités d’hébergement pour un groupe de 15 personnes. Dès le mois de février, on cibla la semaine du 11 au 18 juillet 2014 afin que chaque participant puisse planifier ses vacances en conséquence. Après quelques recherches, le choix d’hébergement s’est finalement arrêté sur la Pourvoirie du lac Geneviève, où trois chalets rustiques furent réservés; chacun de ceux-ci disposant de 3 chambres pouvant accueillir 6 personnes et doté de toutes les commodités requises : cuisinière au propane, frigo, BBQ extérieur, salle de bain avec douche et un magnifique foyer de pierre.

Comme si le fait de visiter cette contrée lointaine ne comportait pas suffisamment d’aventures, notre ami Guy Marceau, instigateur du projet, décida d’ajouter un peu de piquant à celle-ci. Bien que normalement l’accès à l’île puisse se faire par un traversier partant de Sept-Îles ou Rimouski, Guy nous proposa d’effectuer la traversée sur un bateau de pêche. Il contacta alors le capitaine d’un crabier pour valider la faisabilité du projet et celui-ci, trouvant le projet intéressant, accepta de réaliser la traversée aller-retour des 10 motos et des 15 participants. Dès lors, l’aventure prit officiellement son envol et fut baptisée « La grande traversée ».

La préparation du voyage et les communications entre les participants furent facilitées par la création d’une page privée Facebook dédiée à l’aventure. Tout au long du printemps, la mise à jour des informations, les questionnements des participants et le partage des idées dans un esprit de bonne humeur et d’excitation s’effectuèrent par l’entremise de ce précieux outil. Pour compléter la préparation, un souper rencontre dans un bistro de Québec fut organisé quelques semaines avant le grand départ afin de partager les informations de dernière minute ainsi que de permettre aux participants qui ne se connaissaient pas de se rencontrer une première fois. Au terme de cette dernière activité de préparation, les membres du groupe se sont laissés avec le désir encore plus concret de réaliser cette folle aventure.

« La grande traversée »

Le départ de la traversée fut fixé au dimanche 13 juillet et s’effectua au quai du village de Grande-Vallée en Gaspésie. La traversée, d’une distance de 80 kilomètres en direction de Port-Menier, est estimée à cinq heures selon les conditions météorologiques. 

Le groupe s’est donc donné rendez-vous à Grande-Vallée le samedi 12 juillet pour l’embarquement des motos sur le crabier. L’embarquement et la sécurisation des motos sur un bateau de pêche constituaient une des principales préoccupations des membres du groupe. Soulever, à l’aide d’un treuil, des motos de plus de 500 livres pour les déposer et les attacher, le tout sans ancrage sur le pont du bateau, en inquiétait plus d’un.

Bien que les propriétaires de motos double usage soient reconnus pour mettre à dure épreuve leur monture, on sentait que ceux-ci portaient soudainement une attention particulière à celles-ci. Les dix motos furent embarquées sous la supervision de notre capitaine et chaque motocycliste avait la responsabilité de fixer solidement sa moto dans l’espace restreint dédié à cette fin. L’embarquement complété, c’est l’esprit soulagé que tous se retrouvèrent au restaurant de l’Hôtel Grande-Vallée pour partager un souper festif avant le grand départ prévu à 5 h le lendemain matin. Au coucher, la pleine lune brillait sur Grande-Vallée, donnant une atmosphère féérique à ce début d’aventure.

Une grande fébrilité habitait les membres du groupe le matin du départ, et une autre préoccupation inquiétait maintenant l’esprit de certains aventuriers : la possibilité d’avoir le mal de mer. Heureusement ce matin-là, les conditions parfaites étaient réunies pour une traversée calme sur une mer d’huile. L’ambiance était à l’émerveillement alors que la côte gaspésienne s’éloignait sous nos yeux.

Anticosti, nous voilà!

Lors de notre arrivée au quai de Port-Menier, le débarquement des motos et des bagages se fit en un temps record. La magie de l’île commençait à faire effet et chacun souhaitait enfourcher sa moto le plus rapidement possible. Après avoir remercié et salué notre capitaine, nous amorçons notre périple en nous dirigeant vers l’épicerie de Port-Menier. L’arrivée au village ne passa pas inaperçue, une dizaine de motos apparaissant soudainement attirait les regards et les résidents étaient curieux de connaître les détails de notre présence sur leur île. L’amabilité générale des insulaires était remarquable et c’est avec plaisir qu’un couple travaillant à l’épicerie accepta de livrer nos victuailles à la fin de leur journée de travail.

C’est donc avec enthousiasme que nous avons quitté le village pour nous diriger vers la pourvoirie située à 40 kilomètres. Les avertissements reçus quant à la prudence requise en raison du risque de collision avec les chevreuils prirent tout leur sens dès les premiers kilomètres parcourus. La population de chevreuils sur l’île est estimée à plus de 150 000 et certains de ceux-ci se sont montré le bout du nez et de la queue dès notre arrivée.

Une fois accueillis et installés à la pourvoirie, nous en avons profité pour entreprendre l’exploration et contempler cette nature sauvage et calme. L’île, faisant 222 kilomètres de longueur et une cinquantaine de kilomètres de largeur, est desservie par une route principale d’est en ouest. Des chemins forestiers et sentiers secondaires permettent l’accès au littoral ainsi qu’aux différentes sections ou attractions de l’île. La végétation est composée presque exclusivement de conifères. Le littoral comporte des paysages époustouflants et chacune des routes secondaires mène à des points de vue hors du commun.

La moto double usage est le véhicule tout indiqué pour parcourir ces décors enchanteurs et le plaisir ressenti est tout simplement indescriptible. Malgré la quantité importante de mises en garde concernant la possibilité de crevaison et le mythe persistant que les chemins d’Anticosti soient destructeurs pour les pneus, aucune des 10 motos n’a subi de crevaison au cours du périple.

Parmi les éléments les plus impressionnants, la marche au creux du canyon de la rivière Vauréal nous menant au pied de la chute haute de 76 mètres, la rivière Jupiter et ses falaises, les phares, les vieilles maisons abandonnées et les épaves de bateaux témoignant des nombreux naufrages survenus ont mérité le plus haut taux de wow parmi le groupe. 

Le soir venu, nous nous retrouvions aux chalets pour la préparation des repas communs, le tout en compagnie de quelques chevreuils peu farouches se nourrissant au creux de nos mains. Les journées se terminaient en contemplant le majestueux coucher de soleil sur le lac Geneviève alors que les membres du groupe prenaient le temps de se raconter les découvertes du jour et de planifier les sorties du lendemain dans une atmosphère de franche camaraderie.

Comme toute bonne chose a une fin, nous avons complété notre périple par une visite au musée de Port-Menier afin d’en apprendre plus sur l’île et la vie passée de ses habitants. 

C’est avec nostalgie qu’après 4 jours sur place, nous nous sommes résignés à quitter la merveilleuse Anticosti. Le jeudi venu, nous sommes allés retrouver notre capitaine qui nous avait patiemment attendus au quai. Malgré le soleil resplendissant, les vents étaient au rendez-vous et la traversée du retour s’est effectuée au gré du roulis et du tangage constant du bateau. Notre capitaine nous a tout de même ramenés à bon port et, malgré quelques inconvénients subis par certains lors de la traversée du retour, tous étaient enchantés de leur voyage. 

Cette escapade peu commune restera marquée dans l’esprit de chacun des participants et une seule question nous habite maintenant depuis… Quelle sera la destination de notre prochaine aventure en moto double usage?

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