L’événement hors route a lieu depuis quinze ans et les motos sont toujours plus nombreuses!
Si la Classique n’existait pas, il faudrait l’inventer ! Concevoir c’est facile, faire fonctionner, c’est autre chose. Marc Chartrand a réussi tout cela. Parce que cet événement a été créé par des motocyclistes, une équipe de l’association Ridaventure. Ils avaient juste envie de se retrouver ensemble pour affronter les routes de gravelle et les sentiers boueux.
En 2023, pour la quinzième édition, elle se retrouvait dans un nouvel endroit, à Saint-André-Avelin, non loin de Montebello.
Les débuts
Au début, en 2007, une soixantaine d’avant-gardistes s’étaient réunis pour une randonnée qui s’appelait Ride, avec le nom de l’organisateur. Qui se souvient de la Ride à Touch ? Puis le forum Ridaventure était créé. Il compte maintenant 13 000 membres.
L’an dernier, une tempête avait dévasté le site à Saint-Eustache et dispersé les tentes qui étaient parties au vent. La concession Harley-Davidson de Saint-Jérôme avait même ouvert ses portes pour héberger les aventuriers sans abri.
Le renouvellement des participants
Cette année, Marc Chartrand était étonné du nombre de personnes qui venaient camper sur le site, avec un nombre plus important de véhicules récréatifs. Le profil des inscrits a changé. Les « Ridaventuriers » de la première heure étaient toujours là, mais de nouveaux types de participants se ralliaient à l’événement. Près de 450 motocyclistes étaient inscrits le samedi, et tout autant le dimanche.
D’anciens conducteurs de moto de route venaient ouvrir leurs horizons et de nouveaux arrivants dans le milieu de la moto passaient directement à la case gravelle, comme on dit au Monopoly. Cette description inclut les femmes, naturellement, car elles sont de plus en plus nombreuses.
Ces nouveaux arrivants avaient un point commun : malgré leur expérience passée à rouler sur l’asphalte, ils devenaient humbles, et reconnaissaient qu’ils devaient réapprendre les bases pour se déplacer sur les chemins glissants.
Les exposants
Sur place, l’académie Ridaventure, qui est une société distincte de l’association, prodiguait des cours selon le plan de formation de BMW Motorrad International, dont l’enseignement est reconnu internationalement. Marc Villeneuve animait encore cette année, avec le propriétaire Claude Gagnon.
Formation Aventure Québec était présente aussi, avec plusieurs niveaux d’apprentissage. Le niveau 1 apporte une bonne base et rappelle des exercices qui servent bien dès que la route devient glissante.
Ce samedi, la pluie s’était invitée, mais elle ne refroidissait pas les ardeurs des aventuriers qui étaient bien équipés pour affronter les éléments.
Présence de la SAAQ à la Classique
La SAAQ s’était déplacée sur le terrain, pour parler prévention, formation, sécurité et SAAQCliq. Simon Pelletier exposait un gilet airbag et sensibilisait au port de vêtements protecteurs. Il reconnaissait qu’il était impressionné par le niveau d’équipement porté par les motocyclistes d’aventure. Veste, pantalon renforcé, bottes montantes, gants, rien n’était oublié. Contrairement aux conducteurs sur l’asphalte, les utilisateurs de motos double-usage savent que la chute est vite arrivée sur les chemins.
Preuve de l’importance de la Classique, les marques de motos étaient présentes, avec essais de véhicules. Malgré le temps pluvieux ce samedi, les essayeurs étaient nombreux à tester les machines. Annie Martel, de Léo Brossard Harley-Davidson, comptabilisait plus de 150 essais de Pan America dans le week-end. Lawrence Hacking, journaliste et rallyeman, avait fait le déplacement d’Ontario pour guider. Le groupe KTM Canada, avec Husqvarna et Gas Gas, s’était déplacé ainsi que Honda et BMW Motorrad, représenté par des concessionnaires comme Gabriel et NC Performance. Sans oublier les équipementiers, l’organisation Fly and Ride avec Pascal Royer ainsi que Mekanikur, un service mobile de formation en entretien mécanique moto.
Création d’un comité d’aventure canadien
Le samedi soir, une annonce importante était faite : la Confédération motocycliste du Canada, en la présence de trois de ses représentants (François Cominardi, Sylvain Bergeron et Mylène Bolduc), annonçait la création d’un comité motos d’aventure de niveau national. Marc Chartrand sera le président du comité et Pat Dubreuil, de la Trans Ontario Trail, sera impliqué également. Ils attendent maintenant les motocyclistes d’aventure des autres provinces canadiennes pour les rejoindre et raccorder les chemins de gravelle de tout le Canada.
Plus de 400 motos parquées côte à côte qui s’élancent par petits groupes, c’est impressionnant
Heureusement elles ne partaient pas toutes vers la même destination, avec des niveaux de difficulté de 1 à 5. Les randonnées tenaient compte de l’aptitude de chaque groupe. Les novices choisissaient La Panoramique de niveau 0 à 1, tandis que les plus aguerris s’attaquaient à La Grosse Inconsciente ou à L’Extrême. Vous pouvez retrouvez tous les sentiers sur l’article de présentation paru dans un précédent article : https://www.customtour.ca/la-classique-xv-ridaventure-2023/.
Le bénévolat est la clé de la réussite de l’événement. L’organisation demandait à certains membres volontaires de créer des équipes, idéalement de six personnes, pour rouler ensemble et s’entraider au besoin. On pouvait voir évoluer des équipes telles que les Flats Pigs, les Gravel Riders ou les Zezettes, un groupe féminin.
Cette année des quads étaient invités et se déplaçaient sur un itinéraire spécial qui n’empruntait pas les routes ouvertes.
Le parc Papineau-Labelle était utilisé pour les randonnées. Heureusement, les motos n’avaient pas à utiliser les sentiers fédérés FQMHR, car le dossier d’assurance n’était pas encore réglé à ce moment-là.
Les participants ont apprécié le repas de midi servi à Duhamel, une destination où les cerfs en liberté sont nombreux.
Il y avait également un banquet servi le samedi soir suivi d’un concert du groupe Histeria, tous les deux de bon niveau, avec une large présence des participants.
La Classique, le point de ralliement de cette nouvelle communauté
C’est à cet évènement qu’on se rend compte de l’ampleur du mouvement moto aventure dans le milieu de la moto. Les aventuriers sont une belle communauté.
- Ils s’habillent de pied en cap pour se protéger.
- Ils ne cherchent pas à modifier leur niveau sonore, ce qui est une bénédiction, à l’heure où des bobos urbains attaquent les coqs de ferme en justice car ils font trop de bruit.
- Ils ont une tenue vestimentaire pour se reconnaître : la veste de moto cintrée et le pantalon assorti, comme dans la série bientôt culte « Nomades à Moto ».
- L’autre signe de reconnaissance est la valise en métal rectangulaire, preuve qu’ils sont toujours sur le point de partir au bout du monde, ou au Dooly’s de Bromont.
- Ils roulent sagement sur la route, respectant l’adage « Qui veut aller loin ménage sa monture », tiré de l’italien « Chi va piano, va sano ».
- Ils ne font pas de hiérarchie selon la moto. Une Kawasaki 650 KLR côtoiera une BMW 1250 GS ou une KTM 1290 Adventure sans lutte des classes.
- Ils véhiculent une image positive de la moto, avec en toile de fond l’évasion autour du globe.
Les professionnels ont du mal à catégoriser les motos aventure, car elles peuvent s’aventurer sur l’asphalte comme dans la boue. C’est la raison de leur dénomination « moto double-usage ».
Les grands rassemblements comme la Classique permettent de leur donner un cadre et de les mettre en valeur. Ne manquez-pas l’édition 2024.
