Y’a des matins où on se lève, on regarde dehors, on voit le ciel dégagé pis on se dit : « Aujourd’hui, c’est une journée moto. » Quand t’as une Yamaha Tracer 9 Y-AMT dans le garage, y’a de bonnes chances que tu partes sans savoir où tu vas, mais que tu sois pas pressé d’arriver. Pour 2025, Yamaha nous revient avec une version révisée de sa routière sport-touring qui a séduit bien du monde depuis son arrivée en 2021. Mais, cette fois-ci, pas de grosses nouveautés tape-à-l’œil… au contraire. On a même enlevé un peu de fla-fla. Alors, est-ce que c’est un recul ou une décision sensée ? En selle, on va le découvrir ensemble.
AMT : une révolution douce pour les routiers
Commençons par la plus grosse nouveauté : la fameuse boîte AMT (Automated Manual Transmission). En gros, c’est une transmission manuelle… gérée électroniquement. Il n’y a pas d’embrayage, mais les vitesses sont encore bien là, avec six rapports. Et le plus beau dans tout ça ? Tu peux la laisser en mode automatique, ou changer manuellement les rapports avec les boutons au guidon à gauche.
En mode auto, la moto fait tout le boulot : ça part en douceur, ça rétrograde intelligemment à l’approche des courbes, et ça monte les rapports sans brusquerie. Le système est intelligent, réactif, et surtout, ultra fluide. On oublie vite qu’on n’a pas à jouer du pied gauche.
Et en mode manuel ? C’est le fun pareil. Les changements de vitesses se font avec des boutons + et – au pouce et à l’index. Un peu comme dans un jeu vidéo… cependant là, t’es sur la route 132 à Matane, pis tu as du vent dans le casque.
Pour les longues randonnées, le confort de ne jamais devoir gérer l’embrayage dans le trafic ou les virages techniques est un gros plus. On va se le dire : pour les vieux genoux ou les poignets fatigués, c’est un cadeau du ciel.
Qu’est-ce qui a changé (ou plutôt, disparu) ?
Bon, avant de tomber dans le plaisir de la route, parlons de l’éléphant qui n’est plus dans la pièce : la Tracer 9 Y-AMT 2025 perd son radar. Oui, celui à l’avant qui gérait le régulateur de vitesse adaptatif. Fini le discret œil électronique qui surveillait la voiture devant pendant que tu t’imaginais déjà dans les Alpes (ou sur le Rang 3 à Saint-Arsène).
Yamaha a aussi retiré la suspension semi-active. Plusieurs ne se rendront pas compte du changement, mais pour les pros du ressort, c’est un moins, mais qui réduit considérablement le prix. Fini l’électronique qui gère la suspension. Maintenant, tu devras sortir ta petite clé magique pour ajuster le gros ressort de l’amortisseur arrière.
Certains vont pleurer ces gadgets. D’autres vont dire : « Bon débarras ! J’suis pas venu en moto pour que l’ordinateur fasse tout tout seul ! » À chacun son style, mais ce qui est sûr, c’est que le cœur de la Tracer est resté intact.
Le moteur CP3 : toujours aussi en verve
Yamaha n’a pas touché à son fantastique 3-cylindres en ligne CP3 de 890 cm³. Honnêtement, tant mieux. Ce moulin est un vrai bijou. Souple à bas régime, nerveux quand tu lui tournes la poignée, avec une sonorité rauque qui fait sourire dans le casque, même à travers la toune de Queen qui joue dans les écouteurs. Il développe toujours 119 chevaux, et ça suffit amplement pour doubler une file de caravanes sur la 132 à Gaspé sans avoir besoin de réciter ton testament.
Confort et ergonomie : bien dans ses bottines
La position de conduite est droite, naturelle, et te permet de passer plusieurs heures en selle sans avoir besoin d’un chiropraticien à l’arrivée. La selle est moelleuse juste comme il faut, les repose-pieds sont bien placés, et le pare-brise ajustable protège adéquatement sans t’envoyer le vent en pleine visière comme une claque de queue de morue. D’ailleurs, ce dernier a été redessiné de façon plus arrondie pour enlever les angles pointus coupés en zigzag.
La Tracer 9 GT offre aussi des poignées chauffantes (toujours bienvenues dans nos matins frisquets d’octobre au Québec), des valises latérales rigides bien intégrées (assez pour une petite virée d’une semaine), et un tableau de bord TFT 7 pouces couleur, qu’on commande via le guidon.
La route, le plaisir, la polyvalence
Ce qui distingue vraiment la Tracer 9 GT, c’est son équilibre parfait entre sport et tourisme. Elle peut être douce comme un agneau quand tu roules tranquillement sur Grande Allée à Québec, puis devenir une véritable tigresse de l’asphalte dès que tu sors sur les routes sinueuses du Bas-Saint-Laurent.
La direction est précise, la moto est légère (224 kg tout plein fait), et le centre de gravité bas la rend facile à manœuvrer à basse vitesse. Une fois lancée, elle est stable, rassurante et toujours partante pour s’amuser.
Les assistances électroniques : encore bien présentes
Même si on a retiré le radar, la Tracer 9 GT 2025 reste bien équipée côté électronique. Tu retrouves :
- Un contrôle de traction paramétrable,
- Un anti-wheeling (utile quand le CP3 veut lever la patte),
- Un système de freinage ABS en virage,
- Des modes de conduite personnalisables (Sport, Street, Rain et deux modes custom).
Bref, t’as encore un cerveau électronique qui veille à ce que ta balade ne vire pas en cascade, même quand tu pousses un peu dans les courbes du Parc de la Gaspésie.
Est-ce que le retrait du radar, c’est grave, docteur ?
Bonne question. Pour certains, c’est un pas en arrière. Pour d’autres, c’est un retour à l’essentiel. En enlevant les capteurs et les assistances coûteuses, Yamaha a probablement voulu ramener le prix de la Tracer Y-AMT à un niveau plus accessible sans compromettre le plaisir de conduite.
Soyons honnêtes, la plupart des motards qui choisissent une Tracer 9 Y-AMT le font pour sa polyvalence, son moteur et son confort. Le régulateur adaptatif, c’est le genre de chose que tu utilises sur l’autoroute, mais qui t’ennuie plus souvent qu’autre chose sur les belles routes sinueuses.
Verdict : moins techno, mais toujours autant de fun !
La Yamaha Tracer 9 Y-AMT 2025 est une sorte de retour aux sources. Moins d’électronique sophistiquée, plus de plaisir brut. Elle garde tout ce qui a fait le succès des versions précédentes : le moteur CP3, les suspensions KYB, le confort longue distance et l’agilité d’un chat de ruelle.
Elle n’a peut-être plus le radar du futur, mais elle a encore tout ce qu’il faut pour tracer la route, du Saguenay jusqu’au bout du monde.
Comme on dit par chez nous : c’est pas le radar qui fait le rider, c’est la twist de poignet.
Prix et disponibilité
La Yamaha Tracer 9 Y-AMT 2025 est disponible chez les concessionnaires du Québec dès maintenant, en version simple (sans le radar) et en deux couleurs élégantes. Attendez-vous à un prix légèrement plus bas que l’an dernier — ce qui, dans le monde des motos modernes, est presque un miracle. Comme quoi, parfois, en en donnant un peu moins, on offre un peu plus.
Alors, est-ce qu’on part une ride vers Kamouraska ?
Équipements portés lors de cet essai :
- Casque CKX Atlas
- Manteau Oxford Montréal 4.0
- Bottes Falco Liberty 3
Merci à Yamaha Canada pour le prêt de la moto qui a rendu possible cet essai.
