Il y a quelques années, quand je m’adonnais au quad, je profitais de la période de la chasse, quand les sentiers fédérés sont fermés, pour faire la maintenance de mes machines afin qu’elles soient prêtes pour l’hiver.
Tout d’abord, je commençais par retirer les carénages pour avoir facilement accès au moteur et autres pièces. Même si de façon minutieuse je nettoyais mes machines après chaque sortie, je restais toujours étonné de voir toute la saleté que je retrouvais en déshabillant mon quad.
Certaines motos double usage et aventurières doivent rouler dans les conditions semblables à celles des quads. Même si les racoins sont moins nombreux sur une moto, il restera toujours des souvenirs des plus beaux trous de boue quelque part sur votre monture.
Il est évident que pour une moto qui ne quitte pas l’asphalte, ceci s’applique plus ou moins.
Ici, au Québec, Dame Nature nous offre une saison où l’utilisation des motos n’est pas vraiment conseillée.
Pour les motoneigistes ou autres amateurs de sports de glisse, c’est le paradis. Pour ceux et celles qui comme moi vivent moto à l’année, l’hiver c’est le moment idéal pour nettoyer en profondeur et constater l’état réel de nos montures.
Espace de travail
Il est bien évident que ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir avoir accès à sa moto à l’année.
Plusieurs entreposent la leur chez le concessionnaire. Certaines et certains ne sont pas intéressés à se salir les mains ou à tacher le plancher du garage d’huile. D’autres ne se sentent tout simplement pas capable ou doutent d’eux-mêmes en matière de mécanique…
Pour les plus enthousiastes, on adore passer du temps avec notre moto. Ne serait-ce que pour la frotter un peu…
Pour s’aventurer à démonter sa moto, il faut à la base un espace minimum et préférablement chauffé.
Également, de bons outils, le manuel de maintenance, un ordi ou une tablette pour consulter YouTube. Surtout, il faut de la patience et prendre son temps.
Dans mon cas, j’aime bien y aller avec un peu de confort, mais aussi me garder une certaine simplicité. Pour les ouvrages demandant précision comme remplacer un embrayage ou remonter une jambe de suspension avant, j’aime avoir de l’espace. Pour de petites réparations ou un changement de pneu, j’aime bien y aller avec le minimum. Un peu comme si je devais le faire en plein bois.
Un bon sens de l’organisation est aussi un prérequis. Question de ne rien perdre, surtout les vis… Bien ranger ces dernières en notant à quoi elles servent est hyper important.
Le pourquoi du comment
La définition de maintenance est relative. Pour certains, il s’agit de faire « la grosse job » : moteur, transmission, tout vérifier le plus méticuleusement possible.
Pour d’autres, eh bien la maintenance, c’est tout simplement le travail d’un mécanicien.
Le but ici n’est pas de déterminer quoi faire. Je veux simplement démontrer que profiter de l’hiver pour la maintenance, ceci peut être bénéfique à bien des égards. Évidemment, si vous disposez des outils et d’un endroit qui se prête à l’exercice.
Si vos connaissances en mécanique sont des plus rudimentaires, il ne faut surtout pas s’en faire. Voici une occasion parfaite d’apprendre.
Personnellement, mes connaissances en mécanique sont loin d’être égales à celles d’un maître mécanicien. Toutefois, j’approche la chose de la même façon que lorsque je m’aventure dans un sentier hyper technique. Dans les deux cas, je me pose la question suivante : « Si je vais plus loin, quels sont les risques? » J’analyse la situation, je regarde mes options, comprends les risques. Selon mes réponses, je décide si j’arrête ou si je continue.
Les objectifs de profiter de l’hiver pour maintenir en bonne condition nos motos sont simples : apprendre, comprendre et évidemment prévenir.
APPRENDRE
Que votre maintenance hivernale se limite à enlever quelques parties du carénage pour nettoyer des coins peu commodes d’accès ou à faire la « totale », vous apprendrez.
En effet, si vous deviez effectuer une petite réparation d’urgence, l’expérience acquise en entretien hivernal vous sera très utile.
Du simple frottage de pièces à la maintenance en profondeur, vous apprendrez où se trouvent les composantes de votre moto. Comment y accéder, quels outils vous avez besoin pour faire le travail.
Parlant d’outils, pourquoi ne pas en profiter pour mettre à jour sa trousse ? Lorsque je travaille sur ma moto dans le garage, j’aime bien valider que les outils utilisés se retrouvent aussi dans ma trousse qui est sur la moto.
Qu’importe votre niveau de connaissances en mécanique, c’est comme rouler à moto. Chaque fois vous apprendrez quelque chose et deviendrez meilleur.
COMPRENDRE
Pour plusieurs, l’hiver est aussi synonyme de modifications et d’ajouts d’accessoires. Pour ce faire, comprendre l’architecture de sa moto est un élément clé.
Plusieurs accessoires sont spécifiques au modèle de notre moto. Néanmoins, il y en a encore qui demandent un peu de débrouillardise lors de leur installation.
À titre d’exemple, si vous installez des lumières de type « universelles », vous devrez comprendre le fonctionnement des circuits électriques de la moto. Il en va ainsi pour le fonctionnement des suspensions avant et de la direction, pour éviter une installation qui pourrait gêner la suspension ou la direction.
Chaque moto a son petit quelque chose de particulier dans sa conception. Comprendre, et être capable de planifier des ajouts en fonction de ce petit quelque chose, c’est un atout majeur.
Ici encore, comprendre comment fonctionnent les systèmes sur votre moto pourra vous épargner de longues séances de prières à essayer de démystifier un trouble, lorsque vous serez entouré de mouches noires dans un sentier!
PRÉVENIR
Avec toutes les ressources qui nous sont disponibles sur le web, il est facile de connaître les points vulnérables de nos montures. Suspensions, joints de cardan, ligne de frein, etc.
Sachant où et quoi regarder, il sera facile de trouver des signes d’éventuels problèmes. Voir des morceaux qui montrent des marques d’usure avancée, ça ne ment pas.
Pour ce qui est de la prévention, je porte une attention particulière à tout ce qui est roulement.
Roue avant, direction, bras oscillant, roue arrière, je vérifie tout. L’état du roulement et la présence de graisse. Depuis quelques années, j’aurais tendance à croire que pour épargner des coûts de production, les fabricants ont coupé dans le graissage de certaines composantes…
Comme mentionné plus tôt, en retirant des morceaux de carénage vous aurez un accès visuel au moteur, au câblage, au système de refroidissement, etc. Même avec des connaissances mécaniques minimes, il est facile de voir les fuites d’huile ou autres fluides. L’inspection visuelle du radiateur et des ventilateurs est aussi plus facile lorsque ces composantes sont facilement accessibles.
Découvrir un bobo sur sa moto au mois de janvier donne beaucoup plus de marge de manœuvre pour une réparation. Que vous fassiez la réparation vous-même ou que vous la confiez à votre mécanicien au printemps, vous serez alors capable de prévenir les coûts. Ceci vous permettra aussi une prévention à long terme sachant où porter attention. Parce que vous aurez appris!
Maintenance mais pas uniquement sur la moto
Ceux et celles qui me connaissent savent à quel point la moto a depuis longtemps dépassé la passion. C’est un mode de vie. Tous les aspects de la moto m’intéressent et tout mon environnement est pas mal configuré en fonction de la moto.
Quand je m’installe dans mon très modeste garage pour travailler sur mes motos, je le fais dans le but de m’améliorer dans ce domaine. Tout comme quand je roule.
Le but de profiter de l’hiver pour faire de la maintenance sur sa moto est ni plus ni moins que de devenir un motocycliste complet dans tous les aspects du motocyclisme. Cela inclut une certaine autonomie en mécanique.
Que ce soit uniquement en enlevant quelques morceaux de plastique pour mieux les laver, remplacer un embrayage, vérifier le jeu des soupapes, vous apprendrez, vous comprendrez et vous préviendrez des bris.
Pas uniquement des bris de monture, mais plus souvent que vous ne le pensez, vous préviendrez des moments de panique.
Premièrement, parce que vous aurez pris le temps de la saison blanche pour prévoir une saison de moto sans faille.
Deuxièmement, vos connaissances et votre compréhension de votre moto seront optimales.
Finalement, vous aurez compris que ce n’est pas si sorcier. Qu’avec du temps et de la patience on peut facilement tout apprendre.
De nos jours avec tous les outils de référence que nous apporte le web, le « do it yourself » est plus possible que jamais.
En travaillant sur votre moto l’hiver, non seulement vous ferez de la maintenance sur votre moto, mais vous ferez aussi la maintenance et la mise à jour de vos connaissances moto.
Le but atteint : réviser mais aussi connaitre sa moto
En terminant, vous aurez compris que mon message ici n’est pas de vous dire quoi faire comme maintenance. En effet, chacun et chacune ira selon ses connaissances et son désir de le faire. Il y a aussi tout l’aspect de la garantie qui peut en décourager plusieurs.
Cependant, après la lecture de ce texte, vous aurez compris les avantages de prendre le temps de connaître sa moto et le fonctionnement de ses systèmes.
Bon hiver!
Crédit photo en-tête: Tabledemoto.com (Richard Lemieux)
