Généralement en mars je me permets de prendre de petites vacances : à moi, de moi! Les salons de la moto terminés, ma saison d’accompagnements est bien remplie et approche gaiement.
Cette année, c’est le sud de la Californie et de l’Arizona qui m’a séduite et attirée pour une dizaine de jours. Les déserts fleurissent de façon exceptionnelle cette année, car la région a reçu plus de pluie qu’à l’habitude. Cela permet aux fleurs des terres arides d’exploser en beauté, en couleur, en variété, en quantité et en odeurs! Grande amoureuse de la nature et du voyage à moto, je suivais un bon filon!
Jusqu’à il y a trois ou quatre ans, j’étais craintive de voyager seule à moto dans le sud des États-Unis. Quand je dis sud, c’est sud-sud, en longeant LE mur de la frontière mexicaine. Légendes urbaines voulant, j’avais peur de me faire kidnapper et de me faire enlever un rein… HA! HA! En 2020, j’avais même posé la question à mon chauffeur UBER après mon atterrissage à Phoenix : « Est-ce vrai ce qu’on raconte? Suis-je en danger ? » « Nah… Comme partout, il ne faut pas chercher le trouble à minuit le soir. Sinon, je n’ai jamais senti l’ombre d’un danger dans le sud de l’Arizona! » qu’il me répond…
L’appel de la moto est trop fort !
J’ai donc mis de côté mes peurs et réalisé que sincèrement, il n’y a rien à craindre. À constater la quantité de Border Patrols présentes sur la route, on s’y sent même encore plus en sécurité! Évidemment, la prudence est toujours de mise!
Me retrouver seule sur une moto, à découvrir de nouvelles routes, de nouveaux endroits riches en beauté naturelle, ça fait du bien au moral! On ne se le cachera pas, rien de mieux qu’un peu de chaleur et de moto en mars, alors que notre hiver s’éternise…
Je prends donc un vol direct Montréal-Los Angeles et j’arrive vers midi trente. Ça y est, je suis maintenant rendue sur la côte Ouest! YAHOO! Je prends possession de la moto, une Harley-Davidson Sportster 1200, la même moto que j’avais louée à Denver à l’été 2022. Par le passé, mon choix s’arrêtait généralement sur la Street Glide, mais aujourd’hui, je préfère voyager plus léger.
Jour 1 : le départ
Ça y est, c’est parti ! Je longe le Pacifique vers le sud en direction de San Diego où je passerai la nuit. Ce qui me frappe en premier lieu ce sont les effluves californiens. CALIFORNIE : je me rappelais que tu sentais bon, mais autant que ça? Un des plus grands plaisirs à moto, quel bonheur!
Comme c’est bon de reprendre le guidon, et de se laisser guider, le vent « dans face »! Lors de cette première journée, j‘ai fait pas mal de highway car j’avais hâte d’arriver au motel. Avec le décalage horaire et les heures de sommeil limitées de la nuit précédente, je préférais me poser le plus tôt possible sur le bord de l’océan…! J’ai donc emprunté le Pacific Coast Highway (1), traversé Huntingdon Beach, Laguna Beach, puis l’Interstate 5 de San Clemente à Oceanside. J’ai poursuivi ainsi jusqu’à San Diego. Malgré le brouillard occasionnel, j’ai roulé de Long Beach à San Diego au soleil presque tout le temps! Rassemblement de cervolistes, surfers, palmiers royaux côtiers, abondance et véhicules de luxe, tout y est. J’ai aussi fait de l’interfile dans la circulation dense de Laguna Beach : génial! Cette pratique est tolérée ici! La température était idéale pour la moto : autour de 18 oC…
J’ADORE Ocean Beach à San Diego! Ici les hippies, le skateboard, le surf, l’éclectique, les bikers, les marginaux, tout y est! Dommage que je n’y reste pas plus longtemps, je sens que je m’y plairais! J’aurais aimé assister à un beau coucher de soleil sur le Pacifique : le ciel est couvert, ce sera pour une prochaine fois!
Jour 2 : OUCH !
Au lever du jour et après une petite randonnée pédestre en bord de mer, je m’arrête au foodtruck Cafe Bella pour un café et un délicieux bagel. Après ce bon petit-déjeuner, j’enfourche ma moto et dis au revoir au Pacifique, la tête tournée vers l’ouest. Alors que je roule très lentement, mon regard se porte à nouveau sur la route. Soudainement, une grosse lame de sable mou de plage est apparue juste devant moi et… Bim ,Bam, Paf! J’échappe la moto… J’avais réussi à la relever mais en tombant de l’autre côté, je n’ai pas eu le choix de la laisser aller…
Heureusement, j’avais mes bottes de moto, mon manteau et mes gants, car ma cheville, entre autres, en aurait pris un solide coup… Je m’en tire tout de même avec une bonne foulure.
La moto n’a pas trop de dommages mais la “rod” du frein arrière pendouille… Après une heure au téléphone avec AAA, je me fais dire que les remorquages moto ne sont pas inclus dans cette région de la Californie avec ma carte CAA*. J’étudie donc mon problème calmement et je réussis à réparer la moto. Par prudence, je décide tout de même d’aller chez Cycle Visions Motorcycle afin de m’assurer que tout est ok. Personnel très gentil, ils m’ont même changé une ampoule gratuitement!
Rouler le long de la frontière
En traversant San Diego, un de mes objectifs est d’aller admirer les parois rocheuses de Sunset Cliffs Natural Park. Rendez-vous des surfers, cet endroit spectaculaire en vaut le détour! C’est par le port et le centre-ville que je m’éloigne tranquillement de l’océan pour me diriger vers l’est…
Je poursuis ma route en longeant le fameux mur séparant le Mexique des États-Unis en empruntant la 94 : véritable coup de cœur cette route! Sinueuse à souhait, on y roule à travers des milliers de grosses roches arrondies (des boulders) et des reliefs surprenants. Ce paysage vraiment unique m’éblouit. Sincèrement, c’est la première fois que je voyais un environnement semblable aux USA. Puis la Old 80 Historic Route m’emmène à la Desert View Tower et au Coyote’s Flying Saucer Retrieval and Repair Service, un atelier de réparation pour les… OVNIS! HA! HA!
Rendue à Ocotillo, j’emprunte la S2 vers le nord; elle me permet de traverser le désert D’Anza Borrego, un merveilleux 75 kilomètres de déserts en fleurs! Je m’arrête, le temps de quelques photos et afin d’apprécier ce qui m’entoure!
Je me rends donc à Julian pour la nuit, via la superbe 78. Quelle charmante petite ville où la tarte aux pommes y est véritablement l’attraction gastronomique! Un bon repas mexicain accompagné d’une traditionnelle Margarita, une petite marche dans la ville pittoresque et puis c’est l’heure du dodo!
Jour 3 : Retrouver le plaisir de rouler dans le désert
WOW! Quel plaisir que de rouler dans ce désert si cher à mon cœur! Après un départ de Julian à 6 degrés Celsius, je suis revenue sur mes pas pour aller rejoindre l’impressionnante S22 jusqu’à Borrego Springs. Après être allée voir les sculptures métalliques « sud » de Borrego Springs (j’avais déjà vu les « nord »), la S3 m’a transportée à travers cactus et fleurs, où j’aurais aimé entreprendre une petite marche dans le désert (la Cactus Loop), mais ma cheville me donnait du fil à retordre… Le temps de quelques photos, et j’enfourche ma monture. Je suis ensuite passée par le Slowjamastan, une micronation créée en 2021 par la personnalité de la radio Randy «R Dub!» Williams, qui s’est déclaré immédiatement sultan du Slowjamastan! Il y a de ces lieux étranges aux “States”…
Après avoir traversé les olfactives orangeraies, je me permets un petit saut à l’unique Salvation Mountain, puis je me rends chez Chris et Shirley, des amis ontariens qui passent leur hiver au chaud à Yuma. On en profite pour fraterniser et relaxer… au restaurant mexicain avec encore une fois, une délicieuse Margaritaaaa! Que voulez-vous, il faut profiter des richesses de la région! HA! HA!
Jour 4 : Les OVNIS sont un sujet populaire
Le lendemain, Chris m’a accompagnée jusqu’à Ajo (prononcer Ayo) en Arizona sur sa Suzuki DR 650. Il faut savoir que l’unique désavantage de rouler dans le sud de l’Arizona, c’est qu’il y a très peu de routes asphaltées accessibles. Nous devons donc nous limiter parfois aux autoroutes… Par la 8, nous nous arrêtons donc à Dateland, passage obligé pour le ravitaillement en essence et pour se procurer des dattes ou des produits de dattes. Pour ma part, ce fut du beurre de dattes que j’ai rapporté à fiston. Nous sommes ensuite passés voir des pétroglyphes au Painted Rock Petroglyph Site, site sacré où l’on retrouve des écritures anciennes de plus de 1000 ans sur des roches volcaniques.
Après avoir mangé dans un restaurant thématique « soucoupe volante » à Gila Bend (prononcer Hila Bend), nous empruntons la 85 vers le sud. Située pas très loin du Mexique, au milieu de nulle part, Ajo est une charmante petite ville historique décorée de dizaines de murales d’art urbain, c’est très joli! Thanks Chris for the beautiful day!
Jour 5
Le lendemain, après avoir roulé des centaines de kilomètres pour découvrir une nouvelle route de montagne comme je les aime, je réalise qu’elle est fermée à la circulation. En faisant quelques recherches sur le web, je constate que l’automne dernier, un feu a endommagé le méga télescope situé tout en haut ainsi que les installations s’y rattachant. Je ne vous cache pas que ce fut une réelle déception. Projet remis, promis juré!
Direction Tucson afin de rouler dans mes beaux cactus Saguaro (W Gates Pass Road), du pur bonheur! En explorant Tucson j’ai découvert un charmant coin, un mini village avec des boutiques d’art et un restaurant que l’on retrouve au coin de N Court Avenue et Washington Street. J’ai ensuite visité l’International Wildlife Museum, un musée rempli de centaines d’animaux empaillés… Vraiment impressionnant, mais je les aime mieux vivants…
La pluie s’est invitée en rentrant à l’hôtel, repos bien mérité car dès le lendemain matin, je retourne vers l’ouest!
À suivre dans le prochain numéro de Custom Tour !
*Si ce problème vous arrive, faites-vous remorquer en prenant soin de faire indiquer sur la facture votre numéro de membre CAA ainsi que vos coordonnées (adresse et téléphone). CAA vous remboursera. Je l’ai appris à mon retour en faisant le suivi…
FB : ZABEL MOTO INSTA : ZWABEL
