Si on recule de 10-15 ans, moto aventure était synonyme de motos au look un peu bizarre et équipées de grosses valises en aluminium. Elles étaient souvent garnies d’autocollants qui résumaient leurs vies et où elles avaient été emmenées.
À l’époque c’était la norme: pas question d’avoir des valises en plastique ou encore moins en cuir. Pour partir à l’aventure, on devait avoir des valises en aluminium. Celles-ci pouvaient même servir de tabouret ou de table une fois rendues au bord d’un lac. Certains même plaçaient leurs valises en aluminium sous la moto, pour la maintenir debout lors d’une réparation de crevaison.
Toutefois, bien que les grosses valises en aluminium eussent et aient toujours leur utilité, elles font maintenant face à de la concurrence. Valises souples, ou encore semi-rigides. Chaque type de bagagerie présente des avantages et des inconvénients.
Il faut aussi comprendre que si vous roulez ailleurs que sur l’asphalte et que vous envisagez de vous aventurer en sentiers, il n’y a pas que le type de bagagerie qui est important. Il faut aussi savoir quoi prioriser ou éviter comme bagagerie. Valises latérales, valise sur le support arrière (top case), valise de réservoir, etc. Autant d’options disponibles que de besoins à combler.
Est-ce mieux une bagagerie rigide, semi-rigide ou souple ? En fait, il s’agit de trois types qui s’adressent à trois types d’utilisation de la moto. Je vais donc tenter de vous guider vers le bon choix. Parce qu’il est facile de s’y perdre. Chaque fabricant de bagageries moto y va de son savoir-faire pour nous offrir plusieurs options. Avec ou sans supports, fixes ou faciles à enlever. Capable de transporter des charges lourdes ou simplement d’y aller en ultraléger. Comme vous le voyez, il n’y a pas moyen d’y aller d’une réponse facile, tout sera encore ici une question de compromis.
La bagagerie rigide: la valeur sûre du grand voyageur
C’est la configuration emblématique des grandes routières d’aventure. Les valises en aluminium ou en plastique rigide — comme les Touratech Zega, Givi Trekker ou BMW Adventure Cases — évoquent immédiatement la longue route, la poussière et le look typique de l’aventure à moto.

Elles offrent une capacité importante, une protection maximale du contenu et un verrouillage sécurisé. Surtout si la moto doit rester sans surveillance lors des nuits passées à l’hôtel… Étanches, pratiques et faciles à charger grâce à leurs formes carrées, elles sont parfaites pour transporter du matériel photo, de l’électronique ou de l’équipement de camping.
Mais tout cela a un prix : le poids et l’encombrement. En hors-route, elles peuvent se tordre ou blesser le pilote en cas de chute. On les favorisera donc plutôt pour des voyages à deux ou aux aventures sur pistes roulantes.
Si pour tenter de sauver du poids vous pensez opter pour des valises latérales en plastique, je vous les déconseille fortement. Bien qu’elles soient une belle option pour les motos sport-touring, celles-ci ont une très faible résistance lors des chutes qui sont fréquentes en hors-piste. Aussi, elles sont souvent offertes avec un système d’ouverture sur le côté. Elles demanderont alors de les décrocher de leurs attaches pour les charger sans se battre contre le matériel qui ne cherche qu’à tomber.

Les valises en aluminium restent la solution pour de la bagagerie rigide en aventure, pour autant que l’aventure se calcule en kilomètres plus qu’en niveau de difficulté et en conditions extrêmes. En effet, il faut savoir que les valises rigides, lorsqu’utilisées en sentier très accidenté, peuvent présenter une menace pour le pilote. Par exemple, en situation technique, si la jambe du conducteur se trouve coincée entre le sol et la valise rigide, le risque de fracture de la cheville ou du tibia est très sérieux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les valises rigides sont interdites lors des randonnées de La Classique.
La bagagerie semi-rigide: le meilleur des deux mondes
Entre la rigidité des valises aluminium et la souplesse des sacs textiles, il existe un juste milieu : les systèmes semi-rigides. Pensons à des marques comme Mosko Moto Backcountry, Kriega OS-32 ou Givi Canyon ou encore les très populaires LoneRider.

Ces sacs conservent une structure interne pour garder leur forme, tout en offrant une certaine flexibilité en cas de chute. L’étanchéité est excellente, souvent grâce à un sac étanche interne amovible, et le poids reste raisonnable, certes, mais à ne pas négliger. En effet, elles sont souvent fixées à des plaques rigides en plastique épais ou encore en métal. Ces plaques servent à les fixer sur des supports vissés sur la moto. Tout comme les valises rigides, les semi-rigides ont besoin de supports installés sur la moto pour les fixer.
J’en ai utilisé durant 2 saisons. J’ai beaucoup aimé. Je les avais installés de façon permanente sur les supports. Arrivé à destination, je n’avais qu’à retirer le sac imperméable dans lequel je mettais mon matériel. Certains modèles sont disponibles avec des systèmes qui permettent de détacher les valises de la moto ou encore de les verrouiller une fois installées. Ces systèmes ajoutent du poids, beaucoup de poids.

C’est toutefois un choix de plus en plus populaire chez les aventuriers modernes, car il combine durabilité, adaptabilité et confort d’utilisation. En revanche, la sécurité antivol reste moyenne. Souvent elles sont de bonnes dimensions, donc peuvent freiner les ardeurs si vous vous aventurez dans des sentiers étroits… Ici je parle par expérience…
La bagagerie souple: quand le chemin le plus compliqué est la seule option
Quand la route s’efface et que les pistes deviennent techniques, la bagagerie souple prend tout son sens. Les sacs Enduristan Monsoon, Giant Loop Coyote, Wolfman Expedition ou encore la référence soit les Mosko Rackless, sont pensés pour résister aux chutes, rester légers et s’adapter à toutes les motos sans nécessiter de support. Ces systèmes sont aussi faciles à installer sur une lourde moto que sur une petite double usage.

Leur gros avantage, c’est la liberté : montage rapide, encombrement réduit, et un poids plume qui rend la moto plus maniable. En revanche, ils offrent moins de protection physique au contenu et aucune sécurité antivol. Cependant ce type de bagagerie est tellement facile à enlever et à installer qu’il vous sera facile de les rentrer dans votre chambre d’hôtel si vous devez laisser dormir votre moto sans surveillance.
Comment bien charger sa moto
L’objectif, c’est de garder le centre de gravité bas, centré et stable, peu importe le type de bagagerie que vous choisirez.
Ainsi, les outils, les pièces mécaniques, tout ce qui est liquide doivent se retrouver dans le fond des valises latérales. Il est préférable d’éviter d’empiler du matériel lourd dans un top-case car c’est la pire place pour la stabilité, surtout en tout-terrain.
Donc on place les objets légers en hauteur et à l’arrière. Le sac de couchage, les vêtements, le matelas seront parfaits pour le top-case ou le sac de selle. Ça réduit le risque de louvoiement à vitesse élevée et facilite le maniement à basse vitesse.
L’équilibre latéral est aussi un aspect à considérer. Il est primordial d’avoir une masse semblable à gauche et à droite. Un simple écart de 2 ou 3 kg se ressent en pilotage debout ou dans les virages serrés.
Sur les motos à échappement latéral, le volume d’une des valises sera amputé pour laisser un dégagement au silencieux. Pensez à compenser la perte de volume en y plaçant les objets plus lourds.
Le sac de réservoir peut s’avérer attrayant comme solution pratique et accessible. Mais, je conseille plutôt d’y aller de façon compacte et surtout légère. Un volume de 4 litres fera très bien l’affaire. Un sac de réservoir trop volumineux gêne les mouvements debout. Une option à regarder est un sac de guidon. A condition que votre guidon ne soit pas déjà surchargé de GPS et de téléphone.

Lorsqu’on conduit la moto, il est essentiel de pouvoir comprendre le feedback de sa moto. Si l’avant devient flou, c’est qu’il est trop chargé à l’arrière. Si la moto a tendance à louvoyer, le poids est mal centré par rapport à l’axe longitudinal de la moto. Si elle semble lourde à balancer, elle est chargée trop haut, ce qui élève le centre de gravité.
Anticipation et gestion des imprévus
Lors du chargement, il faut toujours garder facile d’accès tout ce dont nous risquons d’avoir besoin de façon impromptue. Vêtements de pluie, trousse de premiers soins, outils de base.
Rien de pire que de devoir vider une valise sous la pluie, dans la poussière ou entourée de moustiques pour trouver son compresseur d’air.
Même si les systèmes de fixation ou que vos sangles pour attacher vos bagages sont de excellente qualité, les vibrations que les bagages doivent encaisser finissent par nous jouer des tours… Il faut constamment vérifier l’état des sangles et des systèmes de fixations.
Il est aussi bon de réduire la longueur des sangles. Surtout celles du côté de la chaine de transmission… Par expérience, l’excédent d’une sangle qui s’enroule autour du pignon fait des dommages facilement évitables.
Il n’existe pas de bagagerie parfaite, seulement celle qui correspond à votre usage
Pour la route et les longs voyages, rien ne bat une bagagerie rigide : protection, sécurité et volume.
Pour la polyvalence, le semi-rigide offre le meilleur compromis entre résistance et adaptabilité.
Pour le tout-terrain pur, la bagagerie souple est l’option à considérer : légèreté, robustesse et sécurité du pilote.
Mais au-delà du choix du matériel, le secret réside dans la façon de le charger. Même la meilleure bagagerie perd son avantage si le poids est mal réparti.
La bagagerie doit accompagner l’aventure et non pas la limiter.


